L’idée avait été lancée un soir de mai 93 chez des « amis » , alors que nous venions d’acheter notre nouvelle moto (un 1500 Gold gris de 89, Titine seven pour ceux qui « suivent » un peu mes posts), de faire une virée ensemble en Limousin sur trois à quatre jours, pendant nos vacances d’été.
Nous avions trouvé fort étonnant ce soudain intérêt pour nos « petites » personnes sachant que nous étions par moment sur la corde raide financièrement et que ces « amis », aisés depuis la reprise d’une affaire familiale ne nous avait pas donné signes de vie depuis des lustres, apparemment l’achat du « 15 » ne leur faisait plus honte en ballade contrairement à notre précédent deux-roues, une Transalp. Nanou et moi (22 et 27 ans à cette époque) nous nous étions privés de bécanes, nous avions économisé pendant deux ans et pris un crédit pour cette folie de moto de « vieux » !
On dira ce que l’on veut de Honda, des motos trop carénées, trop lourdes, trop « automobiles », mais faites 600 kilomètres, arrivez « frais comme des gardons », ne réfléchissez pas aux vêtements à emporter, tenez des vitesses de croisière sur autoroute de 160/170 km/h chargé « à bloc » (la moto pas moi…), avec une maniabilité plus que correcte dès que vous roulez, le tout avec un « six » onctueux et puissant, cela vous fait voir la route et la moto tout autrement...
Sauf ! Sauf si vous suivez une « moulinette à gazon » nommée Harley Davidson 1340 Fat Boy équipée GT (sacoches et trousse à outils en cuir à clous et franges , grand pare-brise et tout le tralalas de chromes) en échappement libre façon tondeuse tractée Honda 4 temps ! Personnalisée et il faut l’avouer une superbe machine pour qui aime ce style mais possédée par des impis !
Ah pour ce qui est d’avoir le « total look », pas de problèmes ! Pantalons, blousons et sur-blousons cuir à franges estampillés HD, t-shirts et santiags itou, je n’ai pas été voir si la p’tite culotte de madame était au diapason mais bon vous voyez le genre !
Pour rouler Harley mais c’est valable pour d’autres marques et modèles comme nos chers V60, à mon humble avis il faut avoir la « foi » et là respect, mais quand on sait que maintenant ces gugusses roulent en BMW X5 (je n’ai rien contre les grosses voitures luxueuses et les 4x4…) et qu’ils ont oublié la moto depuis bien longtemps, c’est sûr, il ne l’avait pas !!! Ils font partie de cette catégorie de personnes qui achètent plus pour les apparences, l’image qu’ils peuvent « véhiculer », en totale opposition avec ceux qui prennent plaisir à rouler, piloter, ceux qui ont l’amour du bel objet et la passion du bon matos tels que la majorité des membres du forum qui, on le ressent, sont des enthousiastes dès que l’on « parle » d’ Aprilia, du V60, du pilotage, de la mécanique, des bonnes virées entre « forumeurs », de l’esthétique de leurs bestioles.
Bon j’m’éloigne encore du sujet, revenons à nos « moutons », nous voilà partis direction châteauroux, puis Limoges, il pleut comme « Limousine qui pisse » (la vache pas ma copine…) et toutes les fois où je descend en Corrèze… Il faut préciser qu’au départ de Cosne ils s’étaient moqués de nos tenues en gore-tex (ce type de vêtement commençait seulement à émerger dans le milieu moto à cette époque) et malgré qu’une Gold protège bien cela n’a pas été du luxe d’en être équipés sinon c’était bain de siège assuré ! A l’arrivée c’est nous qui étions hilare de les voir trempés jusqu’aux os , le cuir gorgé d’eau qui avait copieusement déteint sur les jambes et les bras, alors que nous étions bien au sec !
Les ennuis, pluie mise à part, commencent le lendemain, quand ils décident de faire le plein à une station service de Brive, la moto manque de prendre feu et il aurait fallu peu de chose qu’ils se fassent « péter la tronche » et nous avec ! Bilan, une demi heure à essayer de remettre une durite d’essence innaccessible, mal foutue et p’tète mal remise par le propriétaire…
Le même jour, une centaine de kilomètres plus loin, ce coup-ci c’est la visserie en ordre dispersé qui se fait la malle ! Ah c’est bien joli de mettre des écrous borgnes chromés partout pour faire « zoli », mais faudrait p’tète mettre du freinfilet non ? parce que ça vibre une Harley, ça vit ! Ou alors tu prends une voiture d’assistance avec un stock de pièces…
Après deux jours de mauvais temps, il fait enfin beau, et l’on se dit que l’on va profiter de la route, de la super sono et du cruise control du Gold, oui je sais, là c’est nous qui nous la pétons un peu… Et bien non ! D’une part leur bécane fait un « full barouf » à l’échappement mais en plus elle « couine » de la suspension arrière, la totale ! On entend qu’eux, une Harley en « do majeur » c’est un peu casse-bonbon (et j’suis poli) après quelques centaines de kilomètres avec des casques façon « CHIPs » !
Qui plus est on se traîne parce que la béquille, les pots, les reposes pieds et j’en passe ont la bonne idée de frotter au moindre virage et font des étincelles…C’est bien simple on prendrait presque la Honda pour une sportive, un comble ! Remarquez je dis ça mais j’avais un pote qui a possédé un 1000 FZR et un Gold dans la même période, il conduisait les deux de la même façon…Et je peux vous dire qu’il m’a plus foutu la trouille avec le « 15 » qu’avec le Yam, il était cinglé, ça touchait de partout en position haute mais pas grave, gazzz ! Quand on voit la masse du bestiau on peut dire que c’était impressionnant ce qu’il arrivait à faire avec !
Pour l’autonomie et la moyenne horaire on repassera, il est beau le réservoir de leur pétoire mais il est pas gros ! On passe souvent à la pompe, mais pas à la même station service des fois qu’elle fasse barbecue leur Harley...Alors quand il fut venu le temps de rentrer au bercail, au bout de 200 kilomètres à les suivre et à se prendre les écrous dans le pare-brise (là j’suis totalement de Marseille), à subir le bruit, les nombreux arrêts, la vitesse maxi à 130 (sinon la moto part en cou…), on s’est dit c’est bon on part devant, on les a largué comme des vieilles chaussettes, chao tutti ! Le problème c’est que le « 15 » il boit aussi quand on « l’asticote », alors passage obligé à la pompe en Creuse.
Oui mais la Creuse un dimanche c’est le désert du Sahara, pas âme qui vive et encore moins de stations ouvertes, alors nous avons tourné, tourné et nous sommes tombé en panne, en panne… Au bout d’un moment une âme charitable sûrement perdue elle aussi… nous a dépanné, nous avons pu rejoindre une station service que nous avait indiqué notre ange gardien, la seule dans tout le département ?
Et nous sommes rentrés enfin chez nous ! Bien après nos « amis »…Un peu vénère nous étions…
Mais vous connaissez la fable du Lièvre et de la Tortue…
@+ sur la route du bonheur V60 et surtout en Falco 2004 !