Tout d’abord vous évitez de trop de réfléchir un jour de chômage où vous vous emmerdez ferme, censé être comme n’importe quel autre jour de ces interminables semaines à rien fou… devant la télé chez vos parents qui vous hébergent encore !
Vous évitez de vous dire : « tiens j’irais bien faire un tour à moto ! » alors que vous devriez chercher du boulot (Gros fainéant va !)
Ensuite, quitte à aller faire une balade quand même, voyez petit, genre : « Et si j’allais voir Christophe (au chômage aussi bien sûr !) à Nevers (à 50 bornes), je serais curieux de savoir où il en est du remontage de son vieux tromblon de 600 XLR ?»
Oui parce que là tout de suite, vous ne le savez pas encore, mais vous allez avoir la peur de votre vie dans les heures qui vont venir !
Et la connerie arrive : « Tiens je vais aller en Suisse ! » , vraiment rien dans le « calot » c’t’andouille…Il est 9h30…
Vous enfilez votre plus belle tenue de motard « façon enduriste », toute bleu azur et rose…Et vos bottes cross blanches, bin oui à l’époque, c’était la grande mode...Je comprend mieux maintenant pourquoi tout le monde me regardait en passant dans les petits villages…C’était pas pour le superbe bruit de mon pot Sebring alu sur mon non moins superbe 650 KLR Dinatel Réplica (Il fallait bien qu’ils les « fourguent « d’une façon ou d’une autre leur grosse « daube » de mono Kawa de l’année 87) mais bien parce qu’ils se disaient : « tiens une toune » !
10 h00 le grand départ ! c’est là que vous évitez de partir avec seulement le plein et 50 francs en poche , bin oui vous êtes au chômage, donc « fauché comme les blés » ! Pas de carte bleue, pas de chéquier…
Donc vous « enquillez » direction l’Est, il parait que c’est par là la Suisse (je tiens à vous dire que nous sommes en 1988, Internet on ne sait même pas que ça va exister, alors Via Michelin ou Mappy, vous pensez bien…), bon ça va le gars il est pas trop mauvais en géographie, mais il est « vâchement » sûr de lui, même pas une carte Michelin dans le top case !
Les kilomètres s’enchaînent joyeusement, et vas y que « Titine two » (oui il y a eu le Barigo avant dit « Titine one » arf arf arf !) saute d’un virage à un autre, sur des routes défoncées où elle se joue de toutes les bosses zé les trous.
Tant bien que mal je parviens à décider que passer par Dijon c’est pas mal et la pluie arrive…Houlà pas bon ! Avec mon « truc » pas imperméable et dont le rose déteint allégrement !
J’me « paume « dans Dijon, j’en ressors péniblement, je regarde ma montre, re-houlà pas bon ! Si je veux être rentré pour ma série préférée, du parfait chômeur, à 19 heures, il va falloir faire « fissa » ! Véridique hein ! J’ vous dis qu’on a rien dans le « ciboulot » à 21 ans et sans travail ! Où je suis vraiment "atteint"!
Bref, le 1er « drame » se profile à l’horizon de façon irrémédiable, gaz en grand, benzaï ! poussez-vous c’est moi que v’là ! Oui je suis un peu berrichon sur les « bords »…Je double une voiture puis une seconde, j’arrive sur une « semi » et comme un con je me lance en aveugle, tout juste si je regarde pour voir si une voiture ne vient pas en face, je vais tous vous enrhuuuuumer !!!
Oh...Meeeeeeerde qu’est-ce c’est que ce bordel !!!! Un rond-point avec un virage à angle droit avant ! Eh oui dans les années 80 « naissaient » ces pu… de rond-point sinistrement réputés des motards pour leur « marée noire » de gasoil.
Donc j’en étais à : Bordel !!!! J’attrape les freins, que dis-je, j’arrache les leviers tellement je tire dessus ! La moto ralentit beaucoup, beaucoup mais trop tard, trop près, trop mouillé Pu… de pluie !
Notez que pu… c’est pour « purée » pas pu… parce que là j’en abuse un peu !
Reprenons : Donc, trop tard, trop près, trop mouillé, Pu… de pluie ! La roue arrière se bloque, me voilà façon Peterhansel en travers, en glisse complètement pas contrôlée du tout et là je me dis, j’vais au tas, j’me vautre , j’vais casser ma « meule » et mes « meules », j’ai pas d’argent pour la réparer (vu que je suis au tiers chez AMV, oui eux ils étaient déjà là…), j’suis loin de Cosne, je vais mourir écrasé comme un crêpe bretonne par un « gros cul » (vous suivez, j’espère ! Celui que je viens de doubler bien sùr ! Ah la la !) et tout ça en une fraction de seconde !
Je regarde en face, un monticule de terre d’au moins 5 mètres si on est de Marseille, trois mètres si on est bourguignon ! Tout en longueur jusqu’au rond-point (bon je ne vais pas vous faire un plan tout de même !), j’me dis perdu pour perdu autant ne pas mourir en ce triste jour et se faire le moins mal possible (on réfléchit vite dans ces cas là…), alors je relâche les freins, la moto raccroche repart en ligne, j’attend le choc, je sers les dents, ferme les yeux (paaaas bon çà…très déconseillé !) et…rien !
Je sens la moto monter ! J’ouvre les yeux, je suis en train de grimper le talus ! Alors ni une ni deux je remet du gaz, j’arrive en haut et…trou de l’autre côté ! Je donne un coup de guidon, un coup de rein, un coup de pied enfin tout ce que je peux pour tourner à gauche ! Et je me met à rouler sur le sommet du talus en sautant de partout pire qu’un rodéo !!
J’arrive au bout et redescend tranquillement jusqu’au rond-point et…Facile les gars vous avez vu ! J’ai pas pissé dans mon pantalon, parce qu’il pleuvait assez comme ça…mais j’étais aussi blanc que le casque, les jambes tremblantes, alors j’ai posé la moto sur la béquile comme j’ai pu, et je me suis assis par terre et là pendant que je me tenais le casque dans les mains devinez quoi ? la béquille s’est enfoncée dans la terre détrempée…et la moto m’est tombée dessus !!!! Heureusement que c’est un gros-mono… pu…de béquille, pu… de journée de mer… !!!!!!!!!
Après un bon quart-d’heure à « récupérer » et nettoyer les « dégats » je me dis : « bon au point où j’en suis, il ne peut rien m’arriver de pire, je continue.
Tiens je tombe sur la réserve…Rappelez-vous …50 francs dans la poche…mais j’vais jamais aller en Suisse avec çà et revenir au "bercail"!!!! Eeeeh oui vraiment pas fini que j’vous dis que j’suis ! (oui toujours le côté berrichon…)
Résultat de la « course » :
Je n’ai pas été en Suisse mais dans le Territoire de Belfort parce que je n’avais pas pris de carte et j’étais trop « haut », j’ai acheté un « mendiant » chez un boulanger parce que j’avais la « dalle » mais je n’en ai même pas pris pour mes parents car sinon je ne mettais pas assez d’essence pour rentrer, je suis tombé en panne sèche à 30 kilomètres de Cosne et j’ai appelé « Moman » au secours, par contre je suis arrivé à temps pour ma série préférée à 19 heures…
@+ sur la route du bonheur V60 en falco 2004 !
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Sujet: Comment ne pas se vautrer façon "Joe Bar Team" (Lu 1585 fois)