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Les Pyrénées en Tuono ou la quête du Graal

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Bourrask:
Le Graal
Dimanche 29/01/17

L’organisation nous l’a promis et répété hier soir lors du briefing quotidien, aujourd’hui c’est L’Etape.
« Demain ça va tourner, le RB sera propice à la KTM beaucoup moins à la BM.» Telle fut la sentence assenée par un motard tunisien la veille à notre arrivée sur le parking de l’hôtel. « Non mais tu connais pas Stéphanie !», avais-je envi de lui répondre. Tout comme à nos compatriotes qui au bar le soir, quand la Movie Star s’apprêtait dans la salle de bains, s’inquiétaient quotidiennement auprès de moi de l’état de ses poignets. Non mais LOL ! La blonde c’est une tarée et ce n’est jamais elle qui signe la reddition en premier.

Alors on se lève encore un peu plus tôt que les jours précédents. Les rayons d’un soleil irrévocable nous colle immédiatement le sourire aux lèvres, l’excitation commune est palpable sous le ciel bleu limpide.
Avant d’enfourcher les motos pour cette rude étape Douz-Douz il nous faut graisser les chaines. J’avais promis d’emporter tout le nécessaire pour des réparations de fortune et l’entretien basique; ce chargement prenait la contenance d’un sac entier et nous n’avons pas eu à nous en servir. Cela dit je m’étais simplement engagé à fournir le matériel, pour le reste : « Je te montre et tu te démerdes.» Je ne suis pas plus doué qu’elle.
Pourtant devant le franc désarroi de la demoiselle qui en dix années de vie motarde n’avait jamais graissé une chaîne et s’y prenait complètement de travers, je fus faible.
« Bravo pour le bel effort d’avoir pensé à la graisse, tu t’améliores. Allez donne moi ça, je vais le faire !»
Je m’emparai du spray qu’elle me tendait. Bordel j’hallucine.
Le graissage de sa chaîne achevé je lui rendis sa bombonne métallique : « Quand tu n’entends que la bille à l’intérieur c’est que c’est vide, tu peux la jeter. La prochaine fois tu penseras à en emporter une pleine, banane! »
« Ahahaha» La rigolade encaissée, nous nous arrachons de l’hôtel en direction du premier contrôle de passage obligé : la station essence à 2 km de là. Nous partons sans Sylvain qui n’avait qu’à se réveiller.

On pointe on part.
La prochaine case du RB est annoncée à 70 km. 70 bornes d’une ligne droite ininterrompue à travers le désert, le vrai. De prime abord le pictogramme sur l’imprimé donne envie de pleurer. Jamais je n’avais apprécié une voie rectiligne avant ce jour pourtant c’était grandiose. L’impression d’être dans un film, de changer de format d’image, c’est pas ton petit écran de télé ou d’ordi, c’est de l’extra large à perte de vue. La distance elle aussi n’est pas la même. 70 km à 140 de moyenne ce n’est ni loin ni long et sur un bitume fripé, cabossé, les vibrations de la route et du mono conjuguées, le corps et les mains engourdis dans la fraicheur désertique, cela s’avère un peu usant, finalement sans ennui.

Devant Stéphanie file promptement, la capuche rose fluo au vent, la BM survolant les aléas de la route, le 4 cylindres gavé de chevaux cruise en sous régime pour attendre le mono à bout de souffle. J’en suis sûr elle a mis les poignées chauffantes en marche.



Brusquement le bitume gris accidenté devient noir lisse. A cette jonction une douzaine de motos arrêtées occupe toute la voie. Jusque là je ne l’avais pas vraiment intégré, les Tunisiens eux sont soumis à la régularité avec une vitesse moyenne de 60 km/ heure à respecter. Sur une ligne droite déserte de 70 bornes que dire à part mission impossible. Alors je compatis en les voyant repartir.
L’un des Tunisiens s’attarde néanmoins avec nous et l’on en profite pour effectuer le graissage de sa chaine. Bon je te file la graisse mais toi tu te démerdes pour l'appliquer.
On comprend ici que la moto est un loisir très récent pour les Tunisiens qui ont grand mal à se procurer équipement divers et surtout des pneus. Pour beaucoup les leurs sont usés à la corde et régulières sont les crevaisons.

D’autres français arrivent alors que nous repartons.
Devant nous un relief ocre vert patiné, un creux au milieu, un large bitume à la saveur de billard en comparaison des goudrons précaires empruntés jusqu’ici, c’est un col qui arrive. On finissait par croire qu’on reviendrait avec des pneus carrés à force de lignes droites et de gravier, ici on va pouvoir enfin mettre de l’angle pour de vrai. Pas comme sur le réseau routier français non plus. Dans ces contrées toujours il faut se méfier. Des caillasses, du sable, de tout, et même des dromadaires annoncés par panneau signalétique.
Première courbe en montée suivie d’une épingle pleine gauche, sans surprise je perçois toute la conviction de Stéphanie, la BM sonne l’assaut, c’est parti ! Je rigole direct.
Jusqu’à ce trip en Tunisie j’avais l’habitude qu’elle soit derrière, moi ou un autre, je n’avais donc jamais vraiment observé sa façon de faire/ sa technique, on s’était promis qu’ici ce serait elle qui ouvrirait la voie. Je m’en doutais quand même. A cet instant se révèle une connexion comme j’en ai seulement avec quelques autres pour la moto. Peut être similaire à la danse ou la musique, en tout cas sur la même longueur d’onde, les atomes s’accrochant, sans concours, sans arrière pensée. Simplement on kiffe l’instant présent, on joue à rouler ensemble. Et on joue au même jeu. Après y’a plus que se regarder pour se marrer.

On achève la descente de l’autre coté du col d’un bref coucou à l’égard de nos collègues rouennais en KTM arrêtés sur le bord de la route, un peu occupé à autre chose que nous sommes, et 200 m plus loin c’est l’instant génial du RB où l’on passe d’un billard à une route défoncée en un seul instant magique. On quitte ce beau col pour une route qui n’en a que l’appellation, du gravier, du sable, des trous partout et surtout des dépressions régulières pas croyables. Tu sautes, tu tombes du sommet de la vague et ré-accélères à son creux comme face à un mur, la sensation est géniale, le ressenti amplifié par le contraste avec la route juste avant. Sur un bout de ligne droite entre deux virages le même convoi de Tunisiens en avance sur l’horaire nous barre la route.
Bordel, ils auraient pu trouver meilleur endroit. Le point de contrôle de passage à 400 m est visible en contre haut de notre position. Je crois qu’ils n’ont pas bien écouté les consignes de la veille : « Tu te fais chopper à t’arrêter, tu prends des pénalités. »
Nous sommes définitivement contents de ne pas jouer la régularité.

(Je n’ai pas précisé le cadre de ce rallye, je m’en rends compte. Cette édition n’est pas chronométrée pour les Français, seuls les Tunisiens sont soumis à des règles. La faute au contexte de ces années là marquées par un attentat contre des touristes français quelques mois plus tôt et au faible nombre de participants inscrits qui peut-être a résulté de ces évènements. Le rallye s’est donc transformé en grosse balade pour ceux qui ont maintenu leur engagement malgré l’annulation de la compétition. Et pour tout dire route fermée ou pas je ne pense pas que cela aurait changé grand-chose dans ces contrées.)


Hop les rouennais nous rejoignent durant cet arrêt improvisé. Nous repartons avec eux. C’est marrant, ça tourne à travers la campagne, j’ai une méchante et permanente envie de jouer depuis la veille, le rallyeman accompli devant moi n’a pas l’air de vouloir alors on reste calme.
Arrêt essence pendant lequel un groupe de tunisiens excités nous rejoint. On repart à quatre avec eux, les deux rouennais, Steph et moi, pour un col en direction de l’école de Matmata notre étape déjeuner toute proche. Des souvenirs ravivés de rencontres internationales type France/ Allemagne ou France/ Pays Bas dans les Alpes autrichiennes plus loin et nous voilà très vite arrivés au point de la mission caritative de notre voyage.



La joie et l’émotion de chacun enchantées par la musique berbère tunisienne, il est déjà temps de repartir. Situé en plein village troglodyte restauré, un restaurant à la fraicheur exacerbée par son plafond en voute basse nous attend pour le couscous.
A quelques centaines de mètres, nous devinons le lieu de tournage de Starwars, la planète Tatooine de Luke et de son oncle Ben. Moi je suis pas trop fan, c’est Sylvain qui nous a rappelé le mythe.



Et moi je veux nager encore une fois avec toi. Non en fait je veux rouler !
Nous repartons, Stéph, Sylvain et moi quasi les derniers de la colline troglodyte au chemin d’accès caillouteux et à la pente prononcée.



Nous rattrapons assez rapidement le groupe parti un peu plus tôt que nous auquel nous nous s’intégrons en queue de peloton. Jusqu’ici tout va bien.
Mais j’ai encore une satanée envie de jouer qui me trouble l’esprit. Faut savourer sa passion en discrétion alors j’attends patiemment qu’on me fasse signe pour passer et recoller de manière ludique le groupe éparpillé. Evidemment Stéphanie m’emboite le pas sur cette route abîmée, mais nous resterons bloqués trop timides pour s’épanouir pleinement dans ce groupe mené sur un faux rythme.

Plus loin c’est un concours d’égo entre le pilote de la moto portant le numéro zéro et un autre participant qui nous arrêtera pour connaître la bonne route à suivre. Ce que l’on réalisera discrètement hilare le soir à l’hôtel.
Bordel t’as pas passé l’âge mec ? Ca valait bien le coup de nous mettre la pression avec les pneus pluie extra tendres, le grip pourri... Des pneus en bois ça suffit pour rouler à ce rythme.
Pour le moment nous restons là sans vraiment comprendre ce qui se trame et d’ailleurs on s’en fout totalement.

On repart enfin. Toujours de la route sympa jusqu’à la prochaine étape café au sommet d’un col à la vue surprenante sur la plaine lointaine. Les habitations sur les collines avoisinantes de teinte identique à cette couleur ocre jaune qui irradie et imprègne tout le paysage semblent plantées là depuis des lustres.



Stéph commande un café, pour moi ce sera un thé. Le tenancier nous propose de goûter son beurre de chèvre. Avec plaisir. J’ai dégusté le véritable yahourt bulgare au lait de chèvre au fin fond des Balkans alors « ça goûte ce que ça sent » je connais. En fait là ça goute pas plus ce que ça sent mais c’est bon quand même. Merci on reviendra peut-être un jour.



On re repart. On re rechange de groupe. On re refait les cons. Là j’en peux plus faut qu’on mette du gaz pour de vrai. Sur la courte et étroite descente du col je pousse un peu Stéph à l’ouverture, genre vas-y fais péter le 4 cylindres! La descente trop brève s’ouvre sur une portion sinueuse bien roulante et c’est le mono qui se fait péter la gueule. Le GSXR noir nous double comme une invitation à la BM qui lui emboite immédiatement le pas.
J’ai tout fait pour suivre, tout donné en vain en entrée de virage pour presque tout reperdre en sortie de ces courbes trop longues. Le mono il a pris cher malgré la position aérodynamique, les bras pliés le long du corps, la tête dans la bulle qu’il n’y a pas… Au final c’est comme les rasoirs jetables, à un moment donné faut les jeter. Alors je jette l’éponge à 200 m de la station essence, hein !

J’avais pas précisé mais au départ en manque d’essence on partait pour ravitailler alors fallait aller très vite pour éviter la panne sèche. Le cas échéant faut pousser, marcher, tout ça… c’est chiant.

La journée se termine il faut rentrer à notre hôtel de Douz. On reprend le col en sens inverse.
On fait le match retour ?

Plus loin nous retrouvons la grande ligne droite du matin cette fois au soleil couchant. La lumière rasante appelle l’arrêt commun et le délassement dans le sable fin et délicat du désert. A cet instant cette poussière brune qui coule entre mes doigts justifie à elle seul tout le voyage.

Bourrask:
Le retour
Lundi 30/01/17

Nous refermons la porte de la chambre nos lourds sacs plein les bras. Dans le hall de l’hôtel nous les abandonnons au pied du chariot pour le camion d’assistance. Aujourd’hui c’est l’étape retour jusqu’à Hamamet au Sud de Tunis où demain nous reprendrons le bateau pour Marseille. Déjà.

La veille vers 22h durant le briefing, Kais l’organisateur du rallye, nous avait annoncé que le road book retour serait modifié pour cause d’importantes inondations survenues la semaine précédente. Les cols montagneux devenus impraticables le tracé sera tronqué dans son second quart au profit d’un convoi de 160 km encadré par la Garde nationale tunisienne. A l’écoute de cette décision la déception fut unanime.



A l’aurore, les road book sont remplacés, les écrans de casques nettoyés, les chaines graissées, les moteurs s’ébrouent, tout le monde est prêt à partir. Enfin presque tout le monde. Quelques retardataires français encore dans leur chambre, la tête dans l’entrebâillement de la fenêtre comme dérangés par cette agitation matinale nous interrogent avec circonspection. Ouais c’est maintenant!



Départ du parking de l’hôtel toutes les minutes en petits groupes comme les jours précédents. Sylvain s’est réveillé à temps aujourd’hui, nous partons donc tous les trois.
Une petite heure plus tard et autant de lignes droites nous atteignons le Chott El Jerid déjà traversé deux jours plus tôt en fin de journée, cette fois c’est une lumière matinale radieuse qui nous invite à nous arrêter de nouveau. C’est toujours à la fin que survient le besoin de photographier tous ces moments que l’on ne veut pas oublier. On devine le terme du voyage proche, il est inconcevable que tout s’arrête si brusquement alors on essaie de cristalliser les dernières sensations qui bientôt seront lointaines.
Je visse la poignée de gaz pour dépasser Stéphanie et lui indiquer cette immédiate nécessité. D’habitude c’est moi qui ne m’arrête jamais, j’ai parfois l’impression d’avoir affaire à un clone.







Les instantanés dans la boîte on repart sur cette interminable ligne droite menant à de lointains reliefs bleutés. Les deux 4 cylindres s’échappent rapidement pour raccourcir la distance, raisonné je ne tente même pas de les suivre. J’en ai marre de lui mettre la misère au Lc4.
Mes deux compères ayant poliment ralenti je les rejoins au pied du col que l’on devinait à l’horizon. Enfin il est là. Aujourd’hui il faudra profiter pleinement du moindre virage, chacun en a conscience. Alors la BM s’extraie de la roue de son ouvreur et le déboite bille en tête les premiers virages à vue. Sylvain est cool et nous comprend. Pas besoin d’échange de politesse outre mesure. J’emboîte le pas de Stéphanie et comme d’habitude c’est bien marrant.
Le poste de frontière au sommet du grand droit abordé à vive allure, c’est le regroupement prévu pour le convoi.


Bande son : https://youtu.be/HTMud2Ix2w4


Convoy. Le film que j’ai vu 100 fois enfant. Mais ce ne sera pas le même scénario, oubliée l’anarchie. C’est une organisation quasi militaire digne d’un film de guerre américain contemporain qui s’organise autour de nous. Une voiture verte et blanche ouvre la route devant les Tunisiens, une autre au milieu, les Français ensuite et une dernière pour fermer. Y’a pas de Hummer avec mitrailleuse mais c’est tout comme. La colonne internationale s’élance avec fracas, gyrophares tournoyants et sirènes hurlantes. Et on ne traîne pas sur la route. Le convoi occupe toute la voie, les motards sur la file de droite, les voitures de l’armée sur celle de gauche. A notre rencontre les véhicules présents sur la chaussée sont sommés virilement de se ranger immédiatement dans les bas cotés. Sur la nationale nous traversons de petites villes brutalement paralysées par notre passage, c’est l’effervescence. Surprise, enthousiasme, étonnement, curiosité ou autre, que sais-je ? On nous regarde passer en trombe.
Putain le malaise ! Pas besoin de tout ça pour nous.
De ces interminables lignes droites je pourrais dire que la conduite escortée était surprenante, ennuyeuse dans sa durée mais ce serait une réflexion futile et inappropriée. Sans réfléchir à tout ça, j’apprécie les paysages, le soleil, la chaleur, le moment présent tout simplement.

La colonne s’éteint au milieu d’un bled dans une zone artisanale perdue. D’abord on ne sait pas trop ce que l’on fait là, c’est midi on a faim. Putain d’assistés.
En fait on vient de rejoindre le RB initial et ce qui semble être une spéciale de la compétition si elle avait eu lieu. J’avoue ne pas les avoir toutes reconnues les jours passés mai là ça semble clair.
Un nouveau CP est établi pour les Tunisiens comme pour les Français. Nous approchons de la ligne de départ Stéphanie et moi. Juste avant nous deux KTM assurent le spectacle en partant sur la roue arrière.

Le compte à rebours défile sur la borne lumineuse plantée devant le marquage au sol.
50 secondes.
A ma gauche Stéphanie. A ma droite le lanceur, je ne sais pas si c’est le bon terme mais il me plait. Il m’interroge: « Départ type grand prix ou départ cool ? »
« Tranquille » dis-je.
« Ca vaut mieux. » affirme-t-il.
Ouais c’est ça...ouais…C’est la figure du Joker brodée sur mon genou droit qui semble me parler. L’autre son contraire présent sur ma jambe gauche il ferme bien sa gueule de chauve souris.
30 secondes.
Je tourne la tête vers Stéph pour l’interroger du regard. Comment on la joue? Moi je suis chaud !
Derrière l’écran noir opaque impossible de capter les yeux verts que je devine fixés loin devant. Même pas elle me calcule. Oh putain !
Bon je vais me caler sur toi enfin je vais essayer.
10 secondes.
« 5,4,3,2,1!»
La BM s’arrache de la ligne de départ avec force, j’ai toujours le coin de l’œil braqué sur elle et tire sur la première comme jamais, jusqu’à la limite de rupture, le métal hurlant je passe la 2 et la 3 à la volée, la brêle tire très court, les deux motos restent cote à cote jusqu’à ce ralentisseur de 10 cm de hauteur en fond de cuvette qui nous force à freiner et par la même occasion m’évite l’humiliation, après ça n’aurait plus été possible de faire jeu égal. On ré accélère dans la montée entre quelques habitations vers une route déserte parsemée de virages et de sable. La jeune femme sur la BM est déchainée. Très vite on revient comme deux balles de Long Rifle sur le binôme parti avant nous et on s’arrête là. Dommage, encore une fois on ose pas.

Un peu lassé de rouler en paquet de 6-7, on quitte plus loin le groupe pour des kilomètres interminables de lignes droites jusqu’à la prochaine spéciale, les prochains virages après le CP suivant. Ce n’est pas dur de comprendre que les 7,7 km à venir vont être fun. Et merde le ratio virage /kilomètre.
Alors on se lâche, c’est maintenant qu’il faut en profiter pleinement.
Ca passe trop vite et déjà c’est fini. Ensuite, encore et toujours des lignes droites jusqu’au Coliseum antique de Jem.
Pause déjeuner vers 14-15h. Visite des lieux. On termine la journée par 80 bornes d’autoroute jusqu’à Hamamet.

Là bas nous sommes accueillis dans un hôtel de luxe. La chambre immense est plus grande que mon appartement. Vue sur la piscine et la Méditerranée à 100m.
Apéro dans nos quartiers, Madame boit du whisky désormais. Et ça c’est grâce à moi, vous vous en souviendrez ?
La discussion nous mène à livrer notre bilan du séjour.
En vérité je ne sais plus mais je me souviens avoir bien rigolé. Surtout c’est opportun de le faire à ce moment du récit.

Alors oui de la ligne droite on en a bouffé. Beaucoup. Et même trop. Mais il y a eu deux supers journées dont une véritablement exceptionnelle. De grands moments également répartis ça et là le reste du temps, c’est de ceux là dont je veux me souvenir aussi. On a envie de rouler encore et encore. On pourrait faire ça tous les jours sans sourciller, physiquement c’était bien moins intense que certains trips réalisés sur le territoire français. Et puis cette chance d’avoir fait ça ! On est au mois de janvier et on a roulé au soleil dans des contrées inconnues et exotiques. Le voyage aurait mérité deux jours de plus, c’est une évidence, pour éviter les grandes liaisons entre nord et sud en privilégiant les petites routes sinueuses tout du long. Ceci dit comment pourrions-nous être blasé de toutes ces sensations vécues, de tous ces paysages comme du peuple tunisien ?

Et surtout c’était une idée « à la con » lancée au départ. Rien que pour ça je suis heureux de l’avoir fait. Alors ici s’achève une mémorable aventure vécue en très bonne compagnie. Et ce dernier point est primordial. Si on ne partage pas à quoi ça sert ?

Au final on est un peu pété. Si on descendait au resto ?
La fête de remise des prix pour les Tunisiens suivra.
Délestés de nos derniers dinars nous regagnons la chambre. La porte se referme derrière nous, l’aventure aussi.



Bande son : https://youtu.be/Y001O8Azj1U






Epilogue

Mardi 31/01/17
Putain de porte de merde ! Comment ça marche déjà ?
Tout équipé, les sacs et le casque dans les bras, ça me saoule direct. Je ne peux/veux pas rentrer ou sortir.
« T’as la carte magnétique Stéph ? »
Dernier convoi jusqu’au port de la Goulette. De chaleureux adieux avec les Tunisiens et la troupe française s’engouffre dans le ventre du bateau.
Mer plate, traversée tranquille. Après toute cette aventure, j’ai l’impression d’être littéralement emprisonné dans ce ferry.


Mercredi 1/02/17
Enfin on débarque.
J’en peux plus je veux rouler encore.
Premier rond point, premier virage, la fièvre m’envahit immédiatement. Je repense à notre conversation de la veille avec le journaliste marseillais, les spots du sud, les routes à faire dans les environs de Marseille, celle des Calanques, le col de la Gineste surtout. Cette fois j’ai pas la carte Michelin avec moi, le smartphone de Stéph est HS, et je ne sais absolument pas où se situe géographiquement cette route. Je serais moins con j’aurais un GPS…

On arrive sur le parking de l’hôtel du premier jour, je descends de ma brêle en direction de Stéphanie encore casquée et lui lance :
« On fait la Gineste et on se casse ? »
« Arfff…Ne me tente pas ! »

Je n’insiste pas à cause des raisons évoquées plus haut sinon elle aurait accepté. C’est mon seul regret de tout le voyage. On sera obligé de revenir rien que pour ça, avec des idées à la con on peut aller loin.

PS : je vous livre le résumé vidéo que Stéphanie m’a envoyé:
https://youtu.be/5VTQzQhW4bg


Cette fois c’est vraiment fini. La suite se passe au premier jour de la quête du Graal pendant l’été 2017. La boucle est bouclée.

Dayto06:
Encore une fois excellent, on s’y croirait!

Merci pour le partage et pour ta prose.

;)

Ssstan:
Merci pour le plaisir de la lecture.

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