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[SugarMc Coy]

J'suis allé chez le quincaillier. Je voulais acheter des pinceaux pour faire de la fibre de verre. Et la meuf en stage quincaillerie, à la caisse, elle me dit que je peux pas payer par carte parce que ça fait que deux balles.
Alors moi je dévisse mon téléphone, pour sortir un bail de 10 euros, caché sur la batterie. Puis je paie. Ces 10 euros, c'est fort Alamo, ça sert qu'en cas de guérilla, pour acheter des flingues, des balles et des faux papiers.
L'autre jour je m'en suis servi après avoir coursé des manouches sur autoroute, que j'étais tombé en panne dans la bretelle d'autoroute.
Là c'est la fin du mois, enfin ne chipote pas; et j'ai pas remplacé la somme de secours.
Mais tu vois, j'aurais pas du.

Là je travaille sur la voiture et la moto, alors mon pote y me prête un vélo éclaté. A condition que j'aille le chercher à son garage à l'autre bout du bled. Ce matin j'y vais à pieds et je prends une clé à faire refaire au passage, au magasin à coté du garage.
Là bas, j'ai pu payer cette foutue clé avec la CB. Sauf que la carte est refusée. Alors moi, la honte, sa mère, je bredouille que je vais retirer et je me casse.
Et genre je prends le vélo pour retraverser la ville, parce que les distributeurs ici ils sont tous à coté au même endroit. Et la putain de sa race le vélo il fait que dérailler. En plus que je doive me bouger le cul, parce que les deux pneus sont gonflés mais crevés. C'est comme une sorte de compte à rebours pneumatique.
Alors moi du vélo je m'en sers comme d'une trottinette. C'est pas esthétique mais c'est plus rapide qu'à pieds.
Sur la route  je m’arrête au garage aider un gars rencontré hier qu'a des emmerdes avec sa moto aujourd'hui. Moi je fais zarma je rends service mais j'oublie pas qu'hier il m'avait promis un billet pour l'opération.
Et au moment de payer il me demande si j'ai pas dix euros.
Hé non frère, non j'ai pas dix euros. Et comme il a que deux fois 20 j'insiste pas t'as vu.

Et au distributeur, ils me donnent 10 balles et ils me disent, en rouge, que je suis à découvert. Comme au Vietnam tsais. Qu'on peut m'abattre à tout moment.
Les banques c'est comme les assurances en fait. Ils te disent jamais que t'es à couvert, que tu vas vivre longtemps. Ils t'envoient jamais de recommandé pour te dire TOUT VA BIEN MERCI POUR LA THUNE TU NOUS FAIS EXISTER.
Non ils te font souscrire des assurances vie.

Moi je retourne payer la clé et ça fait que 7€50. A ce stade là je m'en fous, j'ai juste plus de jambe gauche à force de patiner et le nez qui coule à cause du vent.
Et je rentre au quartier sur ma trottinette. Et tsais quoi y'a même pas de freins.
A la moindre emmerde je saute en marche.

Puis dans ma rue quand j'arrive les deux pneus sont à plat.
Puis y'a un Mistral bien cassant.
Et y'a un minot de 7 ans qui fait du porte à porte.
Et il a les cheveux comme moi tsais.
Bruns sur les cotés, roux sur la houppette.
Et il a aussi la goutte qui pend au nez.
Et comme j'ai pas donné aux chats de gouttière. (voir plus bas*)
Ni aux handicapés.
Même si j'ai presque tout donné au gouvernement...

"Bonsoir je vends des tickets pour la tombola de Noel.
-C'est combien mon pote?
-Deux euros
-Aller envoies-en un t'as de la chance.
-J’espère que tu vas gagner.
-Merci mon pote."

Là il est 18h, il me reste 1€50. Je sais pas ce que je vais en faire. Mais je sais que je vais me faire niquer.


Bisous.

[hans51]

A Prague, tu aurais une pinte et un demi avec 1,5€...

Mais commander un demi c'est très, très mal vu...

[SugarMc Coy]

28- Et l'armure du Chevalier impressionne le profane, interroge le curieux. Ses signes et ses codes. Ses fers et ses cuirs tant cousus les uns aux autres qu'ils ne lui font faire qu'un avec son cheval de métal.
L'armure est lourde et chaude en été, humide et lourde en hiver. Les surpiqûres du cuir entament son épiderme et sa poitrine s'écrase contre le carbone-kevlar des protections.

29- Pourtant le Chevalier malgré cet inconfort rend grâce à son armure. Tant qu'à son arme qu' à sa bannière- Qu'à son heaume et qu'à sa passagère.
Car plus que le superflu que le Malin voudrait lui inculquer, l'ascétisme que lui confère son armure lui rappelle qu'il est vivant; parmi tous les pleutres qui ont cessé d'apprendre à vivre pour se prélasser dans l'obscénité d'une existence auto-suffisante.

30-Le Chevalier ne se préoccupe pas de savoir si le repas du soir sera chaud ni son lit douillet ni le toit sur sa tête étanche.
Le chevalier part en guerre et livre bataille contre les armés innommables que le Malin met sur sa route.
Et ceci n'est justifié par aucune convoitise ni intéressement. Le chevalier fait ce que le Seigneur lui suggère sans autre forme de manières.

Car le Chevalier sait qu'il se trouve à l'exacte place que le Seigneur a voulu pour lui.

31-Nonobstant la peur du vide et l'accumulation des printemps, le Chevalier fournit à la pointe de son glaive le combustible à la plus pure des violences.

Il ne craint ni le fer des épées, ni le plomb des fusils, ni l'acier des railleries.
Ni le métal qu'il détient au creux de ses mains, ces mains qui font d'or le silence lorsqu'elles bâillonnent les cris de son propre cœur.

Le Chevalier ne craint pas ses ennemis, le Chevalier ne craint que le tout-puissant.


Livre de Moussa-Épître selon Mc Coy 28-31.

[Fredodo]

Je viens de me lire les 3 pages, j'adore ! Vivement la suite ;-)

[SugarMc Coy]

Madame Machin,
Je viens de recevoir le courrier recommandé glacial que vos services viennent de m'adresser au sujet du règlement de ma prime annuelle d'assurance.
Mal photocopié et dactylographié à grand mal, je note que je suis mis en demeure-grammaticalement un verbe d'état- ce n'est pas anodin- de régler ma cotisation.
Nonobstant les menaces qui ponctuent le courrier, m'affirmant avec aplomb que je risque de ne plus etre assuré, j'aurais tendance à vous répondre ceci:
Je vous prie de faire quelques pas en arrière afin de prendre un léger recul sur votre profession. C'est grâce à d’honnêtes sociétaires comme moi que vos métiers perdurent dans le temps.Vous êtes comme les banques et les spéculations:l'argent qui n'existe pas vous fait exister.
Aussi je me permets de vous signifier que notre relation est celle d'un client - moi- vis à vis d'un prestataire de services-vous. Et par conséquent je ne suis aucunement subordonné à vos services et vos prestations.
Débrouillard j'aime à penser que je suis ma propre assurance.
Par ailleurs vous ne pouvez vous permettre cet apanage, bien au contraire votre profession elle est subordonnée à mon compte en banque et à celui de mes pairs.
Aussi au vu de mon bonus et de ma conduite exemplaire et de l'état de vétusté avancé de mon véhicule, considérant que je vous dois moins d'argent que ce que VOUS m'en devez, je me permets de faire encore traîner ce courrier une paire de semaines. Gageant que vous serez toujours là pour venir chercher votre petit chèque dans 15 jours.
Bien sincèrement.

[Pilou]

 Tu m'as bien fait marrer

[Bestof]

le soucis c'est qu'ils ne vont pas comprendre

[hans51]

D'ailleurs c'est marrant de penser qu'en France, si on ne peut résilier une assurance qu'à la date anniversaire et avec 2 mois de préavis (d'ailleurs ils ne se gênent pas pour mettre 1 mois de plus sur la vignette, comme ça si tu regardes la date dessus, c'est loupé pour cette année) c'est pour leur laisser le temps "d'encaisser" la perte d'un client et pouvoir "se retourner".

J'ai trop de peine pour eux...

:p

[meuhbat]

c'est fini ça, maintenant à partir de la prochaine échéance ou pour tout nouveau contrat après 1 an tu peux résilier n'importe quand

[Pilou]

D'autant plus si la prime augmente. Voir la loi Chatel.

[SugarMc Coy]

Maintenant c'est la mutuelle santé qui morfle:

Madame Monsieur
Je vous adresse ce mot suite à une déconvenue au sujet d'un remboursement de frais d'opticiens.
Cotisant assidûment pour ma mutuelle à laquelle ma santé de fer fait gagner énormément d'argent, j’espérais un remboursement ponctuel et conséquent d'une paire de lunettes acquise au mois d'Octobre.
J'admets avoir été biaisé, dans mon inexpérience et ma naïveté par l'opticien qui m'a proposé une paire de lorgnons hors de prix.
Celles ci ne me vont d'ailleurs pas si bien que ça.
Cependant j'attendais de votre part une prise en charge correcte des frais engagés. Chose qui n’arrivât jamais. Malgré des appels répétés et des sollicitations toujours plus pressantes.
Aussi je vous prierais à l'instar de vos confrères de la MAAF à qui j'ai adressé quelques vers le mois dernier, de prendre également un peu de recul sur votre profession.
Vous n'existez pas, vous êtes une simple conjecture d'un système périclitant et obsolète et si vous, qui me lisez, avez bel et bien un emploi, vous n'avez en tous cas pas de métier.
Par ailleurs si je compare vos prestations à celles de mon fournisseur internet par exemple, il est deux fois moins cher bien que sollicité H-24. Et sept jours sur sept.
Aussi vous prierai-je de considérer la présente lettre comme un refus catégorique de régler les prochaines mensualités. Je ne vous donne ni préavis ni quoi que ce soit qui pourrait vous faciliter la vie, dans la mesure où vous avez compliqué à l’excès la mienne ces dernières semaines.
Si d'aventure il vous manquait quelques deniers pour vos frais de dossiers je vous suggère de vous adresser à la batterie d'opticiens goujats et sans scrupules qui composent votre confrérie.
Veuillez agréer Madame, Monsieur mon exacte considération.
Mathieu.

[hans51]

Faut que j'envoi la même à primagaz (c'est incroyable qu'en France en 2015 les gaziers puissent exercer en toute impunité une activité dans un contexte totalement illégal créé par eux même, sans que personne ne dise rien...)

Mais chapeau, belle inspiration

[SugarMc Coy]

Et arrive ce moment où la foi doit cisailler la peur.
Tu sais j'ai remonté les pistons j'ai remonté les soupapes.
Mais tous les deux on n'est plus tout frais désormais.
Mais putain la moto grogne comme pas permis.
Les disques d'embrayage voilent presque, criant en morse le long du levier. A la limite du patinage. A la limite du wheeling.
La puissance irrésistible du twin se propage au sol comme les Djinns se heurtent aux parois des cellules.
Quand les bicylindres grognent.
les 4 cylindres la bouclent.
La rotation de la poignée de gaz m'envoie dans quelques nanosecondes futures au moment auquel toi, ta mère et tous les autres humains vivez.
La boite à air gargarise l'air et les vapeurs du reniflard.
J'ai pas une moto, ni un jouet moi. J'ai une putain de raison d'exister.

Admission compression-combustion-échappement.

J'atteins cet espace temps où l'air qui me freine, le feu qui me meut, la terre qui nous porte et l'eau qui nous refroidit s'unissent.
Je crèche dans ce coin là. A 260 km/h derrière ma bulle.
La boucle arrière plaquée à la roue, le collecteur au ras du sol.
Sans craindre quoi que ce soit comme Moise ne craignait rien traversant la Mer Rouge.
Je devrais me tuer à chaque accélération.
Mais chaque accélération me rend vivant.
Saint-Exupéry, Baudelaire, Valentino Rossi 
Ventre à terre parallèle au bitume, lombaires contraintes arquées par la force centrifuge
Quand les autres ont tous courbé l'échine, le dos rond face au ciel.
Prométhée défiant l'éternité sur nos produits d’ingénierie mécanique.
Je n'ai plus d'espoir, plus de pitié.
Seulement mes armes et ma foi.
Je ne m’arrête pas sur le bas coté.
Je tombe un rapport et je guerroie.
J'irai pas au Paradis moi.
J'irai au Walhalla.

Le Chevalier est de retour sur son destrier.

Et n'a peur d'aucun d'entre vous.

Notre cause vaincra.

[Pilou]

Heureux que le chevalier n'ait pas baissé la garde 

[Moukyone]

Excellent ... Il sort quand le bouquin ??

[Chukro]

Aller chevalier ... en avant. Affute ta lame, et tiens toi prêt pour le combat final !

Julien

[SugarMc Coy]

C'est l'histoire de Mc Coy qui restaure son 49.9

Trouver un vieux carbu 17.5 dans le stock.
Se demander pourquoi on ne l'a pas monté.
Monter le derbi sur la table d'opération.
Monter le carbu vite fait.
Kicker à la main.
Kicker à la main.
Puis monter sur la table
Kicker au pied.
Kicker.
Kicker.
Kicker
Kicker
Kicker
Kicker.
Kicker.
Kicker.
Kicker.
Kicker.
Kicker.
Aspirer l'essence par la dépression avec une seringue.
Kicker.
Kicker.
Kicker.
Kicker.
Kicker.
Kicker.
Kicker.
Kicker.
Kicker.
Kicker.
Kicker.
Ôter le starter.
Kicker.
Kicker
Kicker.
Démarrer.
D'un coup le moteur s'emballe genre 13000 trs/minute.
Passer la première pour caler.
Se mettre à patiner SA MERE sur la table
Sauter sans lacher le guidon.
La moto penche.
La moto tourne.
Fait tomber la table.
Les tournevis les clés BTR, les gicleurs.
Commencer à patiner sur le sol du garage.
Puis avancer les pieds raclant le sol vers le mur.
Sentir la moto s'arc bouter contre les parpaings.
Attraper l'antiparasite.
Prendre 15000 volts.
Ratrapper l'antiparasite.
Prendre 25000 voltes.
Arreter la moto.

Se rappeler pourquoi ce putain de carbu, il était pas bon.

[Raven]

Si on avait encore des doutes à la réponse à la question : pourquoi les femmes vivent plus longtemps que les hommes? Maintenant, on sait. 

T'es un dingue.

Raven

[jm-RR]

étrangement ça me fait penser à ça: https://www.youtube.com/watch?v=WF1nmDVpmyI


y'a pas de liens de parenté  j'espère lol

[SugarMc Coy]

J'ai eu ce putain d'accident de merde.
Et je crois bien qu'elle et moi, on a été pulvérisés.
Parait que dans un accident à haute vitesse, tu caresses l'éternité.
J'allais presque assez vite pour m'en rendre compte.
Y'a le vent qui passe entre les jambes et te durcit les couilles.
Le cerveau se comprime et injecte l'adrénaline dans les artères.
L'hémoglobine est diluée-devient rosacée. La molécule boursoufle les vaisseaux et les capillaires.
Le nuage acide se propage dans tout l'organisme, avec ses relents d'angoisses.
Ses extraits de peurs.
Ses nuances d'amour.
A un moment le corps n'est plus qu'un donjon.
Porté dans l'air par la mécanique des fluides.
Et à vrai dire je crois que ça fait un bail que je ne crèche plus que dans un donjon.
Que je ne vois plus le monde extérieur qu'au travers des meurtrières.
Les meurtrières de mon âme.
Lacéré de part en part.
Les meurtrières de mon armure.
Sifflant au vent. Battue par les éléments.
Tout ce temps à dresser mes mains fines à absoudre mes torts.
Ces paumes délicates qui travaillaient au fusain-à l'aquarelle.
Maculées de cambouis désormais.
Travaillent au corps les alliages. Mettent en contrainte puis accordent.
Quand je lis dans les entrailles de ma machine.
L'avenir sur lequel j'ai roulé.
Les vapeurs d'huile épaisse que mon pauvre corps évacue par sudation.
J'essaie de laisser mes passions dévorer ma vie.
J'essaie de compresser mon souffle entre l'aiguille et la zone rouge.
Mais je suis lâche et renonce à chaque fois.
Au tout dernier moment ma main glisse de la gâchette et attrape le levier de freins.
Mais pas cette fois.
J'ai été pulvérisé sur ces rochers, mes cotes on transpercé mes poumons.
Personne ne peut survivre à ça.
Et ce n'est pas le fait que je t'écrive en ce moment qui parvient à me convaincre.
La cinétique m'a pris.
La vitesse.
La passion.
L'obsession et l'orgueil m'ont pris.
Ligaments, muscles tissés, carbone-kevlar  et cuir épais.
Dents serrées, adrénaline, tatouages pieux, repentir ne m'ont guère sauvés.
J'ai une fois pour toute semé la BAC et les motards de la Police.
Semé les emmerdes et le passé qui me harcèle.
Une fois pour toute mis un terme à mon autodestruction.

Je reste là à errer. Comme la parole de Dieu. Je ne suis jamais descendu de ma machine et mon genou frotte encore sur l'asphalte. Vibrisses dressées, pupilles dilatées d'effroi,métacarpes crispés.
Non.
Je reste ici. Ici. A travers les meurtrières de mon donjon. A travers les limbes de ma passion. Dans un endroit où je suis si bien même si je m'y fais du mal.

D'ici. C'est d'ici que je vous écris.

[Bestof]

elle avance lentement cette thérapie...

;-)

[placebo]

à toi Sugar Mc Coy de la part de notre ami Baudelaire qui s'il t'avait connu aurait pu te dédier cela :

    Le motard au cachot, débraillé, maladif,
    Roulant un manuscrit sous son pied convulsif,
    Mesure d’un regard que la terreur enflamme
    L’escalier de vertige où s’abîme son âme.

    Les rires enivrants dont s’emplit la prison
    Vers l’étrange et l’absurde invitent sa raison ;
    Le Doute l’environne, et la Peur ridicule,
    Hideuse et multiforme, autour de lui circule.

    Ce génie enfermé dans un taudis malsain,
    Ces grimaces, ces cris, ces spectres dont l’essaim
    Tourbillonne, ameuté derrière son oreille,

    Ce rêveur que l’horreur de son logis réveille,
    Voilà bien ton emblème, Ame aux songes obscurs,
    Que le Réel étouffe entre ses quatre murs !

Ch Baudelaire.